Bosser chez soi

Le rêve de toutes les mères de famille ! Et pas qu'elles d'ailleurs !

Imaginez : Terminés les bouchons le jour de la réunion hyper importante avec tout le gratin. Adieu la course contre la montre pour être à l'heure chez la nounou (par à l'heure, j'entends, 18 heures 30, ce qui est vraiment le maximum toléré par ladite nounou). Ciao les collègues débiles à qui il faut faire la bise tous les matins alors qu'ils nous détestent et que c'est réciproque. Au diable l'immonde jus de chaussette de la machine à café, les cancans devant la photocopieuse qui a encore fait un bourrage, les plateaux repas super sympas qui permettent de faire une journée complète sans même prendre le temps d'une pause pipi…

Bosser à la maison, dans l'inconscient collectif, ça permet d'organiser son rythme en fonction des contingences matérielles de toute la famille, de ne pas bousculer bébé qui dort encore, de lancer une machine entre deux dossiers, d'aller chercher bichette plut tôt le soir, de la garder à la maison si elle a un petit rhume, d'aller chercher le recommandé de son homme à la Poste, de rédiger une note de synthèse en écoutant « le fou du roi » et même de faire un peu de sport pour être tout à la fois, active, au foyer et belle…

Sauf que pas du tout ! Tout ça, c'est valable quand on travaille pour soi et que le travail produit n'a pas de valeur marchande. Dès lors qu'on a des velléités de se faire payer pour le travail fourni, et c'est quand même le fin mot de l'histoire, plus question de faire passer la vie privée devant la vie professionnelle. Le client, il se fiche du lieu où l'on a installé son bureau, lui, il attend un service professionnel et rapide. Alors, quand il vous appelle un vendredi soir à 17 heures 45 et que vous êtes au square où 25 enfants braillent à tue-tête, mieux vaut prendre votre poussette à votre cou et aller vous isoler dans l'église d'à côté, en priant pour que la conversation téléphonique dure moins d'un quart d'heure, faute de quoi ledit client aura droit aux 6 coups de cloche de 18 heures !

De même, comment faire comprendre à petite bichette que, certes, elle a envie de marcher, de tripatouiller l'ordinateur et de monter sur vos genoux, mais que là, vous avez reçu 14 candidatures, que pour une fois, l'espace recrutement du client n'est pas en panne et que donc, vous devez en profiter pour rapidement sauvegarder les 14 CV et lettres de motivation, répondre aux 14 candidats et si bichette a encore la patience d'attendre, les classer en trois tas : « à côté de la plaque », « sans expérience » et « avec expérience, mais pas la bonne ». Bon, tant pis, vous cédez, les cris sont devenus des hurlements, vous avez la migraine, donc vous la prenez sur vos genoux, et là, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, bichette a réussi à relooker votre écran en lui faisant faire une rotation de 90°, qui vous oblige à pencher la tête sur votre épaule droite pour lire les CV, quant au maniement de la souris, cela relève de l'épreuve de force.

Puis, vous contactez les meilleurs candidats pour prendre RDV, mais où ? Pas chez vous, ils vont foncer dans le trotteur, le chat va vouloir grimper sur leurs genoux et puis le règlement de copro. est formel, « interdiction de recevoir du public ». Les entretiens auront donc lieu chez le client et tant pis s'il est situé à 60 km d'ici. Quand vous avez rencontré les candidats et qu'ils vous rappellent 48 heures plus tard pour savoir où en est le recrutement, vous comprenez enfin pourquoi les recruteurs vous appellent « en aveugle » et vous contactez fissa Orange pour savoir comment on masque ponctuellement ses appels. Et oui, la frontière entre vie privée et vie professionnelle, s'appelle souvent « bureau » et quand le bureau est également une pièce à vivre, les deux sphères vont très rapidement se mélanger avec plus ou moins de bonheur…

 



20/06/2010
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