Pour ou contre l’I-Phone ?
En des temps immémoriaux, quand le téléphone portable débarqua dans nos contrées, je ne fus pas la dernière, loin s’en faut à m’équiper, d’un portable qui avait un peu des allures de frigo. mais dont je n’étais pas peu fière. De même, quand le mail professionnel s’introduisit dans les entreprises, je me saisis immédiatement de cet outil tellement pratique, qui faisait gagner un temps précieux et permettait d’envoyer ce pauvre vieux fax au rebut, bien contente de ne plus avoir à me demander s’il fallait ou non composer le zéro pour envoyer ma télécopie ! Plus tard, on m’équipa d’un genre de blackberry et je commençai à réaliser que le prétendu avantage avait des allures de cadeau empoisonné, car dès que j’entendais retentir le petit bip du mail dans la boîte de réception, il m’était tout simplement impossible de ne pas aller vérifier s’il ne s’agissait pas d’une urgence et si je pouvais traiter le mail en temps réel, histoire de gagner du temps pour le lendemain. Enfin, pendant mon congé maternité quelque peu rallongé pour les raisons que l’on sait, j’expérimentai la carte 3G, afin de rester connectée 24/24 avec celui qui n’hésiterait pas, quelques mois plus tard à me réserver le même sort que le fameux fax évoqué plus haut. Là, le charme de la communication virtuelle en temps réel avait bel et bien disparu et j’ai bien failli jeter la carte 3G par la fenêtre, devant tant de lenteur et de bugs.
Alors, quand mes amis ont commencé à me parler de l’I-Phone, que mes anciens collègues m’ont présenté leur nouveau joujou avec des étoiles dans les yeux, je me suis demandée si cet outil tellement génial était susceptible de m’apporter une plus-value dans mes nouveaux projets professionnels. A vrai dire, la question s’est posée autrement : « Est-ce que le fait de ne pas disposer d’un I-Phone, est susceptible de nuire au développement de mon entreprise et au service attendu par mes clients ? ». Et bien, à ce jour, je réponds clairement « non », n’en déplaise à tous mes amis / collègues totalement sous le charme de cet outil du futur, génial et indispensable !
Certes, ma petite Sphère des RH n’a rien d’une multinationale et aucun de mes clients ne risque à ce jour de mettre la clé sous la porte, faute d’une réponse de ma part en temps réel, mais la question n’est pas vraiment là… D’abord, même si j’ai l’air d’un extra-terrestre avec mes questionnements bassement matérialistes, je n’ai pas de gentil patron, prêt à payer mes connexions Internet sur I-Phone, et quand je vois combien me coûtent les connexions intempestives de ma fille, quand elle s’empare de mon téléphone et pianote avec ses petits doigts, systématiquement sur les services payants, j’ai le sentiment que ce n’est pas donné-donné ! Ensuite, et il s’agit là d’une réflexion d’ordre plus général, qui m’est venue quand je participais aux groupes de travail dans mon cabinet d’outplacement, où tous les membres présents étaient au chômage, donc pas débordés… Néanmoins, tous laissaient leur I-Phone allumé et certains répondaient à leurs mails pendant les réunions. Plusieurs fois, la moutarde m’est montée au nez, car honnêtement, le chômeur moyen, même s’il fut un brillant manager et s’il est devenu un demandeur d’emploi super-booké, ne reçoit pas des appels ou des mails de recruteurs toutes les deux heures ! Donc, l’I-Phone reste pour moi, un peu comme la cloppe, une manière de se donner une contenance, de faire croire aux autres qu’on est quelqu’un d’important, et que les sollicitations externes font de nous un « winner ». Ceci étant dit, personne n’est allé vérifier si le mail n’était la météo du jour ou l’appel téléphonique, celui de Tata Eugénie qui vient nous parler de ses rhumatismes... . Personnellement, j’ai l’impression d’avoir suffisamment mûri pour assumer le fait qu’on ne m’appelle pas et je revendique aussi le droit qu’on me foute la paix de temps à autre. Je n’ai pas non plus la prétention de me croire tellement indispensable à mon entourage, au point qu’il ne puisse patienter quelques heures, le temps que je prenne connaissance du fameux mail urgentissime et que j’y réponde, à tête reposée, et pas en style télégraphique parce que j’utilise mon I-Phone et que je fais autre chose en même temps. Et s’il est vrai que j’use et abuse du mail quand je suis à mon bureau et que l’ordinateur est allumé, parce que j’ai l’impression de mieux maîtriser mon temps qu’avec un téléphone, parce que c’est un moyen irréfutable de justifier son travail, parce que j’adore écrire, je reste très dubitative sur l’utilité de tout savoir sur tout, quelque soit l’endroit où on se trouve...